Défi du jour : regarder les 4 minutes 30 d’Outdoor Synchrony sans emballer le palpitant. Sauf à posséder le flegme d’un moine bouddhiste, vous aurez du mal à retenir quelques ‘Mais comment ils font ça ?’ et autres ‘Oh la la les barjots’. Car comme on dit chez nous : ça envoie du gros. Le dernier film de Kilian, c’est peut-être Michel qui en parle le mieux lorsqu’il évoque leur séquence commune à couper le souffle : « Vététiste versus Trailer : quand un virtuose du VTT de descente place ses roues là où j’ose à peine poser mes baskets. » Rencontre avec des potes de choc, qui ont le sport et la montagne chevillés au corps.
Tout d’abord, parlez-nous du film, ou plutôt de cette dinguerie sportive qu’est Outdoor Synchrony ?
Kilian : Je voulais réunir plein de disciplines autour du vélo : basejump, wingsuit, escalade, snowboard… Le but était de passer du temps ensemble à la sortie du confinement, et mettre en avant notre passion commune de la montagne. On la pratique tous de manière différente dans cet incroyable milieu outdoor des Alpes.
Michel : Ce film, c’est du jamais-vu. Kilian est un passionné qui a une vision novatrice et ultra positive du sport. Il tire le VTT vers le haut en permanence.
Votre rencontre est aussi atypique que le film…
Kilian : On se suivait mutuellement car on a beaucoup de respect l’un pour l’autre. En plus d’être un des meilleurs spécialistes d’ultra-trail, Mitch est secouriste en montagne au PGHM d’Annecy. Fin 2018, il m’a secouru dans une avalanche. On s’est ensuite rapprochés, on a tissé des liens.
Michel : Kilian a fait preuve de beaucoup de sang-froid. Avant notre arrivée, il a localisé à la sonde et sorti un de ses copains complètement enseveli. Le soir, on est allé manger un bon burger ensemble. C’était parti !
Il y a comme une union sacrée entre vous, sans doute née de cette rencontre dans des conditions extrêmes. Est-ce que vous vous entrainez parfois ensemble ?
Kilian : On a fait une première session d’initiation VTT à La Clusaz l’automne dernier, sur les pistes d’enduro des Encarnes et de La Trace. Mitch a déjà un bon niveau pour un débutant. Ce jour-là, on avait aussi déjeuné et fait du ski de rando avec Martin Fourcade, un copain d’enfance de Mitch.
Michel : Nos plannings ne nous permettent pas de nous retrouver souvent, mais j’ai quand même réussi à initier Kiki au parapente l’année dernière. On a gonflé la voile sur les pistes du Crêt du Merle et du Crêt du Loup, avec des vols près du sol pour apprendre, et puis on a sauté au Col des Aravis. J’espère l’emmener prochainement à l’Étale.
Au-delà de votre passion commune pour le sport, on sent aussi beaucoup d’humour entre vous.
Kilian : Mitch est un grand blagueur qui a toujours le sourire. Il aime bien taquiner, c’est sa manière d’être et de communiquer. D’ailleurs, d’où vient ton surnom ?
Michel : Mes potes de lycée m’appelaient comme ça en référence à Mitch Buchannon d’Alerte à Malibu, car je voulais devenir secouriste. Par rapport à l’humour, c’est vrai que j’ai besoin de plaisanter avec les gens, de me moquer un peu parfois mais toujours de manière bienveillante.
Du coup, nous voulions vous proposer une petite battle… Qui de vous deux s’entraine le plus ?
Michel : Kiki, sans aucun doute ! Il est vraiment pointu dans son sport.
Kilian : Pas sûr. Il faut être très assidu pour pratiquer le trail. En plus Mitch est un hyperactif, un touche-à-tout qui pratique aussi l’alpinisme, le ski, le parapente et l’escalade.
Le plus compétiteur ?
Kilian : On a tous les deux besoin de vibrer, de se mettre des challenges pour avancer. Mais c’est plus une mentalité qu’un pur esprit de compétition.
Michel : Exactement. On veut faire les choses à fond pour ne rien regretter.
Le plus perfectionniste ?
Kilian : J’ai du mal à être satisfait. Parfois je me dis que c’est maladif. Je suis pointilleux et exigeant.
Michel : Tu m’en donnes un peu ? Kilian est toujours dans les détails soignés. Moi, dans les détails grossiers !
Le plus organisé ?
Michel : Kilian évidemment ! On ne peut pas faire pire que moi en termes d’organisation…
Kilian : J’ai besoin de m’exprimer, de me défouler dans mon sport. Si je n’organise pas tout heure par heure, je suis inquiet de ne pas pouvoir tout faire.
Le plus présent sur les réseaux sociaux ?
Kilian : On est présents tous les deux à notre manière. J’ai la chance de travailler avec beaucoup de photographes pros, donc je poste des photos très travaillées.
Michel : Je ne suis pas né avec internet comme Kilian. Sa communication est hyper bien faite, inspirante, très esthétique. Je poste surtout les beaux paysages de montagne que je traverse.
Un cliché sur le sport de l’autre ?
Kilian : Comme je n’aime pas courir sur le plat, je pratique pas mal le trail. J’ai donc davantage du respect que des clichés. Mais j’aime bien la manière dont Mitch s’amuse de l’image de mangeur de graines que certains peuvent avoir des trailers.
Michel : J’ai la réputation d’être un gros mangeur de burgers en effet ! C’est devenu une blague et j’ai beaucoup joué avec ce stéréotype. Par rapport au cliché sur le VTT : avant de rencontrer Kilian, je pensais que les vététistes enduro s’entrainaient uniquement à descendre des pistes en utilisant les télésièges. Mais en fait, les mecs de son espèce ont un énorme physique. Ils font du trail, du dénivelé, du vélo de route, du fractionné… Je vois son sport différemment grâce à lui.
Pour finir, pourriez-vous lancer un défi à l’autre ?
Kilian : Se rapprocher de mon temps de référence sur la piste des Encarnes ou de La Trace. Comme il est super doué, ça m’intéresse de savoir combien il ferait avec un peu de pratique.
Michel : Un défi trail qui lui ferait mal… Un aller-retour Église de La Clusaz-Trou de la Mouche en moins de 3 heures. C’est jouable, mais il va falloir s’entrainer mon gars !