Bienvenue dans Arrivée en Aravis, je suis votre humble serviteur citadin, et aujourd’hui je pose mes valises dans le célèbre village de La Clusaz. Je pars à la rencontre de ces habitants et je suis en compagnie de 5 amis, trublions : La Team Farté. De la bonne humeur, du ski de fond et de la tronçonneuse… embarquez avec mois dans un univers que personne ne comprend !
Pour commencer les échanges rien de tel que de démarrer avec un pur produit made in La Clusaz, bonjour Arthur !
Arthur : Alors je crois qu’il y a eu une petite erreur, je suis né de l’autre côté du Danay.
Du ?
Arthur : Le Danay, la station… de l’autre côté !
La station de métro ?
Arthur : Non… une station de ski, Grand Bornand, je sais pas si tu connais ?
Non… Bon, j’ai mal été renseigné… Tant pis. On va garder quand même vu que tu es là. Il parait que tu es un artiste, notamment à la guitare. Est-ce que jouer Wonderwall d’Oasis sur les pistes a autant de saveur que sur la plage ? La drague doit quand même vachement moins bien marcher ?
Arthur : C’est vrai que t’as pas tort. Après, on peut avoir des bonnes sessions de drague en après-ski, fin de saison, mois de mars, soleil tard. On tombe la veste ESF, on sort les guitares, petite bière, et je peux garantir que ça marche.
On passe à Sam. Bonjour. Tu portes le même prénom que Samuel Umtiti, est-ce que c’est une coïncidence ?
Sam : Physiquement déjà, oui. Très grand, très costaud. J’ai aussi une autre spécialité, celle de casser la démarche, surtout parce que j’ai la cheville qui a vite tendance à partir en course à pied.
Tu te considère donc comme une personnalité fragile ?
Sam : pas fragile, mais sensible.
Tu vis dans les Aravis depuis toujours. Est -ce que tu as hâte de recevoir internet ?
Sam : On en entend pas mal parler. Après c’est comme l’annexion du Grand Bornand par La Clusaz, ça fait 15 ans qu’on en parle, mais on attend toujours.
On va passer à Charlie. Charlie ? Ah il est là. Rapport à la bd *clin d’œil*
Charlie : …
Toi, tu viens de Grenoble. Alors, les tacos ? Sauce fromagère ou pas ?
Charlie : Ça divise, mais je suis plutôt pour.
Il parait que tu as tenu une boîte de nuit illégale il y a quelques années. J’ai prévenu la police, ils attendent à l’extérieur mais je leur ai demandé d’attendre la fin de l’interview avant de rentrer.
Charlie : Je dirais pas illégale, je dirais plutôt clandestine…
Oui, donc illégale. Antoine bonjour ! Nous avons un problème, car nous avons le même prénom. Par souci de lisibilité pour nos échanges, tu t’appelleras Célestin aujourd’hui.
Célestin : …
Il parait que tu es fan de tronçonneuse. Y’en a bien qui font du macramé le week-end. Je ne juge pas. D’où vient cette passion un peu brutale ?
Arthur : Quand tu nais par ici, tu nais avec une tronçonneuse. J’adore le bruit que ça fait. Et vous ? Le bruit, les voitures, les klaxonnes vous connaissez bien aussi en ville ?
Un doux son, en effet ! Et enfin, Lysiane, bonjour. Es-tu un vrai élément de l’équipe ou bien il leur fallait une caution féminine depuis Me Too ?
Lysiane : Effectivement, ils m’ont recruté à la même période.
Je vois que tu es secrétaire dans la team, les clichés ont la peau dure.
Lysiane : Surtout trésorière. Je gère la moula !
Le tour de table étant terminé, on peut maintenant rentrer dans le vif du sujet : la Team Farté.
Vous êtes donc une équipe de passionnés regroupée autour d’un même socle : des sports d’hiver que personne ne regarde. Vous pouvez m’en dire plus ?
Célestin : c’est un peu ça. Passionné des espaces vides au bord des courses, mais qu’on aime bien animer.
Lysiane : Justement, il n’y avait pas trop de concurrence, au moins on est arrivé triomphant.
Charlie : Ah ça, on n’est pas serré.
Sam : C’est vrai que nos potes font du ski de fond…
Alors pardon, mais on dit « amis ». En tout cas à la ville on dit « amis ».
Sam : … nos comparses fond du ski de fond, mais s’ils avaient fait du curling, on aurait surement été voir du curling. C’est eux qui ont guidé notre choix de supporter.
Ou de la tronçonneuse.
Tous : …
Arthur : Tu disais un sport d’hiver qui n’a pas d’audimat. Peut être que dans ta ville c’est le cas, mais dans notre milieu montagnard, il y a une grande ferveur autour de ce sport.
Vous ne voulez pas plutôt supporter le football, comme tout le monde ? J’ai vu que le FC Annecy descendait en National. Ca ne serait peut-être pas arrivé s’il y avait plus de ferveur locale, non ?
Sam : On a un rapport très particulier avec le FC Aravis, dans lequel certains de nous sommes joueurs et investis, mais c’est vrai qu’on ne peut pas se démultiplier.
Célestin : On ne s’est jamais trop intéressé au football parce qu’on préfère le sport.
Lysiane : Coup dur !
Tes propos n’engagent que toi.
Moi côté sport je connais bien David Douillet et Marie José Perec, qui ont gagné pas mal de fois des médailles. Vous, vos sportifs ils gagnent des choses ? Parce qu’on n’en entend pas beaucoup parler.
Charlie : Y’a quand même quelques médailles qui trainent par-là, notamment cette année avec Lucas Chanavat qui a fini deuxième du sprint, Jules Chappaz qui a fait une très belle troisième place au championnat du monde en sprint toujours. Et l’année dernière, Hugo Lapalus qui nous a ramené une belle médaille de bronze en relais aux JO, c’est pas rien.
Sam : Le seul champion du monde français dans le ski fond, il est de la Clusaz, c’est Vincent Vittoz, en 2005.
Arthur : Et le tout premier à faire une médaille olympique sur une course individuelle, il est encore une fois du Grand Bo, Roddy Darragon.
Lysiane : Un petit passif donc, un héritage.
Oui bon, il n’empêche que dans la ville, je ne vois pas de jeune avec un maillot de Vincent Vittoz sur le dos, bref.
Vous supportez donc des sportifs locaux un peu partout, en France, à l’étranger… Pouvez-vous nous indiquer votre bilan carbone ? Etes-vous au courant que la planète se meurt ?
Charlie : On se déplace en Suisse et en Italie oui.
Célestin : Oui, on a un jet qui nous attend sur l’aéroport d’Annecy, donc forcément…
Je suis aussi là pour éveiller les consciences.
Arthur : Arrêtons, il y a plus en plus de neige, ça crève les yeux. Tout va bien !
Mise à part faire les pom pom girls, il vous arrive de mettre la main à la pâte ?
Lysiane : On organise à la fin de l’hiver un évènement, la Boarder Line. Une course en ski de fond dans un boarder cross d’alpin. Une compétition de sport de glisse un peu unique.
Moi en sport de glisse je fais pas mal de trottinette.
Célestin : Ah oui, sport à risque.
Arthur : Pour revenir sur la Boarder Line, c’est vraiment un évènement qui ramène beaucoup de monde, avec du spectacle.
Il y a déjà eu des blessés ?
Lysiane : Quelques chutes oui.
Il y a déjà eu des morts ?
Charlie : Non non, mais on fait tout pour !
On croise les doigts.
Vous votre dada, c’est les sports d’hiver, ce qui implique que vous êtes au chômage 8 mois dans l’année. Comment utilisez-vous vos allocations ?
Sam : Principalement les débits de boisson en tout genre. Mais malgré les apparences qui peuvent être trompeuses, on est tous relativement au travail, et c’est même parfois compliqué de se libérer pour trouver le temps d’aller supporter à l’étranger nos champions sur le circuit.
Lysiane : Notre Team Farté est un noyau de quelques fondateurs, mais maintenant on a des adhésions, on se déplace de plus en plus nombreux, de plus en plus loin sur toute l’année. On fait aussi pas mal de rassemblements.
Charlie : Des sauteries.
Aujourd’hui, combien êtes-vous dans ce team ?
Célestin : Plus de 120 adhérents.
Avez-vous pour ambition de vous développer, quitte à faire de l’ombre au club de Bridge du village ?
Sam : On n’a pas peur de ça. On se donne les moyens de nos ambitions.
Lysiane : Oui, on a les armes pour.
Charlie : C’est un peu osé, mais oui, on aimerait bien les détrôner.
Un dernier mot sur la team Farté ? Mais rapide parce que je suis mal assis.
Célestin : On a créé une vrai communauté des Aravis autour du Nordique. C’est une vraie force, qu’on ne retrouve pas ailleurs. On est unique en France, et on en est très fiers.
Charlie : On s’est inspiré de nos aînés sur l’Alpin, et nous sommes très heureux d’avoir pu rassembler La Clusaz et le Grand Bornand, au moins autour d’une cause.
Arthur : Une dernière chose, concernant l’ADN de la team farté. La façon dont tu nous décris, « pom pom girls », sauteries, alcool… On passe un peu pour des pochtrons, mais on reste avant tout des sportifs. Avec Ant.. Célestin, on était dans la compétition, dans le haut niveau. On est des amoureux de ce sport. Et je t’invite à venir cet hiver, si tu as l’occasion, pour une petite session.
Merci, mais ça ne m’intéresse pas. On va finir par quelques petites questions en bref. Vous êtes plutôt team dab ou quoicoubeh ?
Tous : Dab, sans aucun doute.
Charlie : Je comprend pas les deux moi.
La crème fraîche dans les pâtes carbonara, pour ou contre ?
Tous : Pour.
Charlie : Ça dépend de qui cuisine. Il fait ce qu’il veut tant que j’ai à manger.
Célestin : un maximum de gras.
Descartes pensait la vie de façon rationaliste, contrairement à Levi Strauss, qui prônait un courant structuraliste. Un mot à ce sujet ?
Lysiane : Santé.
Arthur : Je me rattacherai plutôt au courant Spinozien, la philosophie du plaisir, prendre chaque moment comme il vient.
Sam : Tout pareil.
La Clusaz versus Grand Bornand, cette guerre éternelle… mais finalement, la meilleure station ne serait-elle pas celle que l’on a dans le cœur ? Ou Tignes, qui est quand même une super station…
Sam : Je crois pas qu’il y est de bonne ou de mauvaise station. On est tous différent. On essaye de taire ces quelques rivalités pour sublimer le collectif, et arrêter ces guerres de clocher.
Célestin : On est pas chauvin, mais on adore notre clocher.
Vous êtes chauvins donc
Sam : On est pas chauvin, mais c’est chez nous qu’c’est le mieux.
Mot de la fin ?
Charlie : On se donne rendez-vous sur le bord des pistes l’hiver prochain !
C’est sur ces bons mots que se clôt ces beaux échanges ! Vous pourrez les retrouvez chez tous les bons disquaires, et sur leurs réseaux sociaux. Quant à moi, je vous retrouve le mois prochain pour vous parler d’une autre troupe de joyeux lurons : le fan club breton de la toile de jute.
Antoine Bagard