À La Clusaz, Freddy rime avec Défi Foly. Son nom est indissociable de ce challenge un peu dingo dont il a été le détenteur pendant 12 ans, et qui consiste à traverser le lac des Confins sur… tout ce qui glisse. Mais Freddy rime aussi avec enfant du pays. Ce Chave pur jus, ancien moniteur de ski, a donné une seconde vie à l’ancienne échoppe de son grand-père. Avec sa tribu, il l’a transformée en Déli Schuss, un accueillant coffee shop où parents et enfants travaillent ensemble, unis comme les 5 doigts de la main.
Avant de parler du Déli schuss, impossible de ne pas évoquer le Défi Foly ! peux-tu nous en dire un mot ?
C’est un challenge de water slide un peu fou créé il y a plus de 30 ans par Pierrot Goy, un personnage atypique de La Clusaz. Après avoir inventé le concours du lancer de fer à repasser quand le lac des Confins était gelé, il a lancé le Défi Foly à la sortie de l’hiver. Le principe : traverser les 180 m du lac à skis, snowboard ou tout autre engin glissant, en prenant son élan sur une pente enneigée. Personne n’a jamais réussi. J’ai eu le record pendant longtemps en monoski avec 145 m, avant de me le faire piquer en 2010 par mon ami Philippe Troubat, qui a atteint les 155 m. Je l’ai presque rattrapé il y a deux ans avec 151 m. Dans tous les cas, on finit plongés dans l’eau glacée !
Comment es-tu passé des planches aux fourneaux ?
A ma sortie de l’armée en 1995, j’ai re- joint mon papa comme traiteur itinérant avec La Poêle Géante, un food truck avant l’heure. On se déplaçait sur toutes sortes d’évènements, notamment sportifs. Au départ, on cuisinait la Tartiflette, puis on a développé la carte avec une vingtaine de plats – paëlla, diots, bourguignon… Depuis que mon père a pris sa retraite, je travaille avec mon épouse Nadine. Avec la crise sanitaire, notre activité s’est brusquement retrouvée à l’arrêt.
Qu’avez-vous fait ?
On s’est posé beaucoup de questions… Et puis il y a eu un alignement de planètes. Nous avions un local à La Clusaz, où j’avais installé le magasin de sport et l’école de ski hors-piste Aravis Challenge avec mon frère Yann, jusqu’en en 2010. Depuis, ce local était loué, mais les locataires l’ont libéré en septembre 2020. Au même moment, notre fille Mina venait de terminer ses études à l’école hôtelière de Thonon, où elle avait présenté un projet de restaurant pour valider son BTS. Nous avons senti qu’il y avait une opportunité. Toute la famille s’est réunie et on s’est dit : pourquoi pas ?
Vos deux garçons, qui ne sont pourtant pas dans le milieu de la restauration, étaient très motivés.
Ils ont vraiment poussé le projet. Neal travaille comme pisteur l’hiver et charpentier l’été. Mathis est toujours étudiant. Ils étaient au taquet pour monter une affaire tous les cinq. Avec l’aide d’amis, on a fait des travaux pendant plus de 2 mois pour transformer le magasin en restaurant, et pouvoir ouvrir juste avant Noël, le 20 décembre 2020. Je ne sais pas ce que ça veut dire en numérologie, mais on y a vu un bon signe !
Ce lieu a tout une histoire…
Oui, il a vu passé quatre générations. Mon grand-père était le cordonnier du village, et ma mère vendait des chaussures et des vêtements, tout en faisant de la location de skis. On s’est ensuite installés avec mon frère pendant 12 ans et aujourd’hui, on poursuit avec ma femme et les enfants.
Travailler en famille, c’est comment ?
Nous sommes très soudés et toutes les décisions sont prises de manière concertée. Mina est une manager hyper impliquée, qui s’occupe aussi de la préparation en cuisine. Neal et Mathis viennent donner un coup de main dès qu’ils ont du temps libre. Et Nadine et moi, on est à fond pour lancer le Déli Schuss sur la bonne voie !
Quel est le concept ?
C’est à la fois un restaurant, un snack, un bistrot et un traiteur. Mina est engagée dans une démarche responsable et cohérente par rapport à ses valeurs : des produits frais issus d’une agriculture raisonnée, des producteurs locaux. Elle adapte des recettes simples et savoureuses à la saisonnalité des ingrédients, pour avoir le moins d’impact possible sur l’environnement. Elle fait aussi très at- tention au gaspillage et incite les gens à réserver pour gérer au mieux ses stocks.
On mange quoi, au Déli Schuss
Des salades, burgers, wraps, bowls, bagels, gaufres salées, sucrées… Les plats du jour et les desserts gourmands changent tous les jours, avec plein de soupes originales et de veloutés sympas en hiver. Il y aussi pas mal de plats mijotés, des recettes traditionnelles comme la blanquette de veau, les lasagnes ou le poulet au curry. Comme Mina est végétarienne, elle propose plusieurs options sans viande, ainsi que des plats sans gluten ou sans lactose.
La poêle géante vient même rendre une petite visite de temps en temps !
Le week-end, on s’installe sur la terrasse pour proposer des plats à emporter et du vin chaud. On veut que les gens se sentent comme à la maison, dans une ambiance détendue de village de montagne. Les vacanciers croisent les locaux, qui passent dire bonjour ou boire un verre. C’est un lieu de vie. Pour nous, c’est aussi un lieu de transmission. Nous avons la chance d’être né dans un écrin magnifique, avec un environnement préservé et des hivers fabuleux. En permettant à nos enfants de continuer à vivre ici, on pérennise ce que nos aînés ont fait pour nous. Je sais que mes grands-parents nous regardent avec fierté de là-haut.