Fondatrice de Girls Up, une boutique en ligne de vêtements de sport, Juliane nous parle de Shadow, un film de glisse hors-piste aux images inspirantes, véritable déclaration d’amour à la montagne mais surtout à toutes les femmes éprises de grands espaces, de pentes vierges et de liberté.
Comment est né Shadow ?
J’avais envie de mettre en avant celles que j’appelle les femmes de l’ombre, d’où le titre du film. Des filles de différentes générations, passionnées par la montagne, qui vivent le ski ou le snowboard avec leurs tripes sans chercher la médiatisation. Les stations des Aravis ont soutenu ce projet tourné à 100% ici !
Tu avais déjà réalisé un film de freerando 100% féminin : en quoi celui-ci est différent ?
Contrairement à mon premier court-métrage, Naked, les participantes ne font pas de compétitions à haut niveau. Dans Naked il y avait par exemple Marion Haerty, quadruple championne du monde de snowboard freeride. Autre différence : Shadow a été tourné uniquement dans les Aravis avec des rideuses* qui vivent pour la plupart ici.
Pourquoi avoir choisi les Aravis ?
C’est un territoire incroyable pour les amoureux de montagne, avec une diversité unique de paysages et des massifs très polyvalents. Il y a autant d’endroits accessibles à tous, que de spots engagés voire extrêmes pour faire du gros ski.
Comment as-tu sélectionné les lieux de tournage ?
Nous nous sommes réunies avec les filles pour lister une douzaine de coups de cœur comprenant des faces, des couloirs et des sommets. Ensuite, j’ai fait plusieurs sorties de repérage et on a tourné le film avec trois caméramans, entre décembre 2020 et mai 2021. Il a fallu composer avec les emplois du temps de chacune, les conditions météo ainsi que les remontées mécaniques fermées cet hiver-là. On est monté partout à la force de nos jambes. Heureusement qu’il y avait une super entente et beaucoup de motivation entre nous, parce que c’était dur physiquement. A la fin, on était sur les rotules !
Quelle séquence t’a le plus marquée ?
Un coucher de soleil au sommet du Trou de la Mouche, où on s’est retrouvées seules face aux Aravis et au Mont-Blanc, avec des couleurs rosées sur les sommets. Ça donne des images exceptionnelles et un peu irréelles dans le film. La séquence la plus marquante en termes d’adrénaline, c’est le run de Marion et Margerie aux Tables de Borderan. On a failli annuler à cause du vent, mais elles se sont transformées en machines de guerre ! Elles sont montées au piolet comme des warriors sur l’arête. Depuis le bas, on voyait deux petits points qui se déplaçaient jusqu’en haut de la face. Les skieurs de rando s’arrêtaient pour regarder le spectacle en applaudissant. C’est un moment incroyable.
Le film montre d’ailleurs les difficultés rencontrées pendant le tournage.
Oui, car je voulais refléter la réalité de ce qu’il se passe vraiment en montagne. La plupart des films de glisse proposent uniquement de belles images avec des lignes parfaites, un ciel bleu et une neige scintillante. Nous en avons eu bien sûr, mais je voulais aussi montrer tout ce à quoi sont confrontés les riders : les risques, les imprévus, les demi-tours compliqués, les mauvaises conditions météo…
Qu’aimerais-tu que les spectateurs retiennent de Shadow ?
J’aimerais qu’ils se retrouvent à travers le film, qu’ils se disent : « C’est nous, on vit la même chose ! » Mais surtout que l’on n’a pas besoin de notoriété pour pratiquer sa passion avec authenticité.
Attention, chaud devant ! Avec Juliane, ça déménage. En plus de produire et de réaliser des films de glisse, elle a fondé l’entreprise girls up, qui propose une boutique en ligne de vêtements de sport et organise des évènements 100% féminins. « Je suis plutôt fonceuse. Quand j’ai une idée ou un projet en tête, j’y vais ! » et si nous explorions le champ des possibles ? Et si :
• Tu avais un super pouvoir ? J’appuierais sur le bouton « RESET » de notre planète, et j’annulerais tous les dégâts que l’homme lui fait subir.
• Tu pouvais te téléporter ? Au sommet d’une montagne.
• Tu gagnais 1 million au loto ? Je créerais des structures pour démocratiser et rendre accessible le sport aux femmes qui n’osent pas, ou qui n’ont pas de moyens financiers.
• Tu pouvais diner avec une personne connue ? Patti Smith, parce qu’elle aurait des choses sacrément enrichissantes à me raconter ! J’aime autant sa musique que sa personnalité.
• Tu devais changer de métier ? Je fais déjà 30 métiers à la fois, mais j’aimerais devenir camérawoman.
• Un vêtement ? Un jean, le vêtement le plus démocratique au monde, porté par tous les peuples !
• Une chanson ? Impossible de choisir entre To Zion de Lauryn Hill et Enjoy the silence de Depeche Mode