Après une carrière à Shanghai, Julie vient de reprendre la gérance du 1647 au sommet du Plateau de Beauregard. Comment passe-t-on d’une ville cosmopolite de plus de 20 millions d’habitants, à un village de montagne de moins de 2000 âmes, solidement ancré dans son terroir ? Née à Lyon d’une famille franco-taïwanaise et mariée à un Annécien, Julie avait besoin de renouer avec la vie paisible et authentique qu’offre la région. Une manière de concilier son activité professionnelle, ses valeurs personnelles, sa pratique du yoga et sa passion pour le bien-être.
Comment est né votre projet ?
En 2019, une opportunité de reprise s’est présentée. Je travaillais depuis presque 10 ans dans le domaine de l’hôtellerie-restauration à Shanghai. J’y ai rencontré mon mari Thomas, qui développait une chaine de bars à cocktails en Asie, ainsi que deux amis qui sont devenus nos associés dans l’aventure. Nous avions besoin de sortir des grandes villes pour renouer avec la nature et la simplicité, retrouver nos racines après toutes ces années d’expatriation. Je pratiquais aussi beaucoup le yoga, et j’avais besoin de revenir aux sources, à l’essentiel.
Qu’est-ce qui vous a séduit ?
Le Plateau de Beauregard est un lieu très symbolique. Pour son panorama sur la chaine des Aravis bien sûr, mais aussi pour l’histoire de l’établissement. En 1954, la famille Masson avait fondé l’hôtel bar restaurant ‘Altitude 1647’, qui fut repris de génération en génération. Cette histoire et cet héritage nous plaisaient.
Hormis la légère modification du nom, quels changements avez-vous effectués ?
Nous voulions valoriser la beauté du lieu lors de la rénovation, en créant de grandes ouvertures dans la salle et un bel espace extérieur pour profiter de la vue. Il y a un snack à la sortie de la télécabine, pour prendre le petit-déjeuner ou emporter un encas sur les pistes. Nous avons relooké la salle avec un décor et du mobilier contemporains. Mais nous tenions aussi à conserver l’esprit familial des Masson. La pierre du bar sur laquelle est gravé l’année 1954 a ainsi été installée sur le bar extérieur.
Et en termes gastronomiques, que souhaitez-vous apporter ?
La cuisine c’est avant tout une opportunité de partage – de goûts, de temps et de plaisir. C’est exactement ce que notre restaurant-concept favorise. Pour nous, le travail de la cuisson est tout un art. Nos viandes sont cuites à basse température sous-vide pendant 12 heures minimum pour garantir une chair tendre et juteuse. Nous proposons des recettes classiques travaillées avec des techniques culinaires modernes.
Pourriez-vous associer quelques-unes de vos recettes à un lieu ou un symbole de La Clusaz ?
Notre plat signature « La fondue de M. Paccard » serait associée au Plateau de Beauregard lui-même, car elle est légère et aérienne comme la vue. J’associerai notre « chou-fleur rôti entier et son houmous au cumin sauvage » au Défi Foly pour son caractère innovant et décalé. C’était notre petit défi de proposer des mets végétariens sur un site de montagne. Notre carte des boissons, alliant une sélection unique de Spritz et de Gin Tonic, symbolise bien La Clusaz, station dynamique et tendance. Enfin notre mascotte « Edgar de Beauregard » (l’aigle que nous avons conçu grandeur nature à partir de notre logo) rend hommage au champion Edgar Grospiron.
Comment alliez-vous votre expérience à l’international avec la cuisine de terroir savoyarde, sans renier ni l’une ni l’autre ?
Parmi les associés, nous sommes tous des épicuriens. Lorsque nous étions en Chine, nous avions accès à une large variété de très bons produits, mais une majorité provenait de l’étranger et nous étions frustrés de l’empreinte carbone associée. Nous n’imaginions pas réaliser un autre concept pour notre restaurant que des produits locaux « de la ferme à la table ». Nous pouvions enfin acheter directement chez les producteurs d’à côté et se régaler sans polluer la planète !
Comment les sélectionnez-vous ?
Il faut qu’ils soient proches géographiquement pour garantir des circuits courts, qu’ils offrent une grande qualité et la traçabilité de leurs produits. Si en plus ils partagent nos valeurs de convivialité, de simplicité et de partage, c’est encore mieux ! Nous les mettons en avant autant que possible sur nos cartes, et avons généralement des liens forts avec eux. Le viticulteur Bruno Lupin a par exemple réalisé le faire-part de notre petit garçon : une bouteille de vin – la Cuvée Émile.
Vous proposez également un programme riche d’activités et d’évènements.
Oui, il y a des activités sport et bien-être, comme le yoga sur la terrasse panoramique, mais aussi des apéros avec DJ, des concours de belote, des animations pour les enfants, des ateliers de création de cocktails ou des dégustations gastronomiques, des retransmissions d’évènements sportifs sur grand écran… Plus qu’un restaurant, le 1647 est un lieu de vie. Nous aimerions aussi dynamiser le plateau de Beauregard : c’est un espace vivant incroyable où cohabitent des promeneurs, des sportifs, des producteurs, des animaux sauvages ou d’alpages…
Quels sont vos projets pour la suite ?
L’ancien établissement proposait des chambres, que nous réservons aux saisonniers pour le moment. Dans les prochaines années, nous allons créer un étage supplémentaire avec des espaces d’hébergement et de détente. Il y aura environ cinquante couchages répartis entre des chambres individuelles et familiales, ainsi que des dortoirs. Le projet de construction éco-responsable a été pensé avec l’architecte Denis Goy. Nos visiteurs pourront profiter plus longuement et plus sereinement de leur passage, pour prolonger leur expérience à Beauregard.
Site : www.le1647.com
Instagram : @le_1647_