On ne compte plus les Pessey dans le massif des Aravis tant ils sont nombreux, mais lui, ça n’est pas n’importe lequel d’entre eux. LUI, c’est Maurice ! Le doyen des moniteurs de l’Ecole de Ski Français, un pur produit made in La Clusaz. Du haut de ses 81 ans, ce papy au regard malicieux est encore en pleine forme. On a donc décidé de feuilleter avec lui son album photo pour s’offrir un petit voyage dans le temps.
“ Je suis né ici. J’ai toujours vécu ici. Et je mourrai ici ! “ Maurice aime le rappeler aux élèves à qui il continue d’enseigner le ski chaque hiver. S’il n’y avait pas eu deux années de Covid, il aurait participé à son soixantième challenge des moniteurs en 2022, mais il compte bien enfiler son pull rouge deux hivers de plus pour atteindre ce cap.
Toujours disponible, c’est l’exemple parfait de l’ancien du village. Il faut juste s’y prendre à l’avance pour être sûr qu’il ne soit pas parti faire un tour de vélo avec les copains, en train de couper du bois, ou de faire des travaux dans son chalet. Son secret pour rester vaillant à plus de 80 ans : faire de l’exercice, être actif et faire ce que l’on aime !
“Un peu mal aux genoux, mais ça va. Tant qu’on a mal c’est qu’on est vivant”, nous confia-t-il lors de notre rencontre à la fin de la saison d’hiver, après un repas à la salle des fêtes en compagnie des aînés de la vallée. Mais pas la peine de s’attarder sur de petits rhumatismes, Maurice s’installe près de nous le sourire aux lèvres, il a les yeux qui brillent et nous lance : “ Tiens r’gardez, j’vous ai apporté des photos ! ”
Pour vraiment faire la fête à La Clusaz, il y a le carnaval. Les commerçants, les restaurateurs, les moniteurs… Tout le monde s’y met ! Là, c’est moi en Écossais en jupe. Une année, on s’était équipé tout en douves de tonneaux, oui carrément. On était 7 ou 8 moniteurs à monter jusqu’au sommet du crêt du Loup. On avait les jupettes qui volaient sur la piste. Les vacanciers regardaient depuis le bord, on avait même tracé un bout de slalom sur le Champ Giguet.
Je devais avoir 16 ans et il y avait la Coupe Perrier. C’était pour ainsi dire la coupe de France et les meilleurs rentraient en équipe de France, enfin on avait pas le coq. C’était l’équipe B si on veut ! En 1956-1957, j’ai gagné cette coupe, je suis resté dans l’équipe jusqu’à mon service militaire et, comme je n’étais pas tout à fait assez bon, alors j’ai arrêté là pour passer mes diplômes de moniteur de ski.
Vu que c’est un village ici, tout le monde avait très souvent deux métiers. Moniteur de ski l’hiver, agriculteur ou artisan l’été. À l’école de ski, on pourrait faire une grosse entreprise où on trouverait tous les métiers. On a des plombiers, des peintres, des menuisiers… Il y a tous les corps de métiers.
J’ai grandi du côté des Riffroids, un peu au-dessus des Riondes. Avec ma sœur, on descendait à l’école à pied. S’il y avait beaucoup de neige, on nous mettait un cheval avec une bille de bois pour faire un petit sentier. Par contre, le mercredi et le samedi soir, ils venaient nous chercher avec le cheval et on montait par la route qui va jusqu’à la Paton. C’était un peu le bus scolaire de l’époque !
L’été, on montait à la ferme au col des Aravis. Mon père et un oncle avaient une ferme ensemble là-haut. J’aidais mes parents, je restais en bas, je faisais les foins. On avait une grosse moto-faucheuse. À 15-16 ans, elle me traînait plus que je ne la guidais.